Le spectacle NDOTO programmé le 27 janvier à 20h dans le cadre du D Festival  est reporté au samedi 4 février à 20h.

Nous ne pouvions pas évoquer les raisons du report, ni informer de la situation de Lucas Katangila tant qu’il était bloqué au Kivu. Il en allait de sa sécurité.

L’artiste est à présent sain et sauf en Belgique . Il nous livre son témoignage et tient à nous rassurer sur sa santé:

« Suite aux conflits et tensions politiques entre le Congo et le Rwanda, j’ai raté mon vol Rwandair que j’étais censé prendre à l’aéroport international de Kigali le mardi 24 janvier pour jouer mon spectacle Ndoto le 27 janvier au D festival.

Depuis l’arrivée des rebelles du M23, les deux pays sont dans la guerre froide et cela complique la vie de milliers de personnes, surtout celle des enfants. J’étais parti au Congo Nord-Kivu pour aider les enfants touchés par la guerre. Cette province de l’est du Congo surnommée zone Rouge à cause des conflits ethniques, de l’exploitation des enfants dans les mines et de l’enrôlement de force des enfants dans l’armée est devenue un tableau peint avec le sang des innocents qui meurent chaque seconde sans raison aucune. Au Kivu, on dit que la vie d’un poulet vaut plus que celle d’un être humain.

Étant un jeune activiste originaire du Kivu, j’ai mis en place NDOTO GOMA KIDS, un centre d’encadrement des jeunes et enfants soldats surnommés « Kadogo » pour dire « petite choses sans importance ». Je suis parti au Kivu avec mon projet NDOTO GOMA KIDS pour une mission humanitaire dans le camps de réfugiés de Kanyaruchinya Nord-Kivu. Mon but : venir en aide aux enfants et femmes touchés par la guerre des groupes rebelles qui occupent cette province riche en ressources minières.

Après ma mission au Kivu, j’étais censé rentrer en Belgique, mon pays de résidence actuel. Malheureusement, les hommes politiques ne m’ont pas permis cette fois de voyager. Selon eux, je fais partie des jeunes révolutionnaires dangereux à cause de mon engagement politique et du fait que je relaye des messages positifs à ma communauté pour dénoncer leurs incapacités à lutter contre les violence faites aux femmes, à lutter pour les droits des enfants, leur corruption et détournement des fonds, leur non gouvernance etc … tout cela est une menace pour les politiciens africains.
J’ai donc été arrêté, mis en cellule et j’ai subi des tortures. Mon passeport et mon ordinateur étaient entre les mains des services secrets voilà pourquoi je n’arrive pas à citer ou dire des choses car j’avais l’impression d’être piraté et suivi.

La compagnie Rwandair et mon avocat m’ont obtenu un billet urgent pour quitter le pays vendredi soir et arriver à Bruxelles samedi matin. Je sais que je suis programmé au D festival le vendredi 27 janvier à 20h, mais étant encore ici en Afrique ma vie est en danger comme la fois passée. J’aimerai bien arriver sur Bruxelles et jouer à D festival s’il y a moyen de changer ma date de représentation car ce festival fera partie de ma thérapie après toute cette misère que je viens de traverser.

Je suis en bonne santé malgré les traumatismes et les tortures subies pendant mon arrestation, mais cela n’est pas la première fois de ma vie, j’ai l’habitude. J’espère être en forme une fois en Belgique. Pour le moment je suis libéré mais sous surveillance, je serai libre le samedi matin une fois arrivé sur le sol belge. »