—Un lieu, une histoire—

—Un lieu, une histoire—

Un bâtiment habité par la culture

En 1937, le cinéma «Rixy» fermait définitivement ses portes. L’immeuble qui l’abritait allait par la même occasion être livré à l’abandon et attendre inlassablement l’arrivée des pioches d’un quelconque démolisseur. Ce beau bâtiment du début du siècle (aujourd’hui, la grande salle porte d’ailleurs le nom de «Salle 1900» abritait alors une salle des fêtes dans le plus pur style de l’époque, avec stucs, vitraux et volutes en fer forgé, ainsi qu’un café-restaurant au rez-de-chaussée. Dans les années 80, la commune rachète le bâtiment dans un triste état avec la ferme intention de lui rendre vie et de rendre, par la même occasion, la ville à ses habitants. En 1988, la culture retrouvait un lieu d’où elle avait bien failli disparaître à jamais. L’Espace Senghor voyait le jour, et rouvrait ainsi les portes de ce bel endroit qui fut autrefois un cinéma de quartier.

Léopold Sedar Senghor

En 1988, Léopold Sedar Senghor inaugurait personnellement le nouveau centre qui allait porter son nom. Grand poète et à la fois homme d’état, premier président du Sénégal dont le nom évoque des idées de démocratie, de respect de tous et de talent artistique, Senghor ne pouvait que nous encourager à développer une culture plurielle. «J’ai rêvé d’un monde de soleil dans la fraternité de mes frères aux yeux bleus». Cet extrait d’un poème de Senghor – Le retour de l’enfant prodige – parcourt aujourd’hui les murs du Centre, sous la forme d’un graffiti. Lors de l’inauguration, l’asbl «Tout» a intégré dans le lieu «Un rêve mi-blanc, mi-noir», une œuvre qui par un jeu de miroir et de bois noir, réfléchit votre sourire sous ces lignes :

Il me faut cacher au plus intime de mes veines
L’ancêtre à la peau d’orage sillonné d’éclairs et de foudre
Mon animal gardien, il me faut cacher
Que je me rompe le barrage des scandales.
Il est mon sang fidèle qui requiert fidélité
Protégeant mon orgueil nu contre
Moi-même et la superbe des races heureuses …